Ce matin-là, je m’étais levée assez tôt. Réveillée par la douce caresse des rayons du soleil sur mon pelage. J’avais cru être encore dans mon rêve, tellement le temps était doux et agréable. Le printemps avait entamé sa longue route jusqu’à chez nous. Il avait chassé l’hiver, douloureux et glacial, il s’était emparé du trône. Un coup d’état que tout le monde appréciait. Débarrassée de la neige si blanche qu’elle me brûlait les yeux, je commençais à gambader joyeusement autour de moi. Les arbres avec leur cimes penchants et dépourvues de feuillages se penchaient désormais joyeusement vers le sol. Le bonheur était réapparu en moi, une étincelle d’espoir naissait dans mon cœur. Mais soudain, le doute pris place dans mon âme. Et si ce n’était qu’un rêve ? Tant pis, je n’aurais qu’à pas me réveiller. Je resterais endormie jusqu’à ce que quelqu’un d’imprudent ose me réveiller. Mais cela ne pouvait être un rêve. C’était la réalité. Qui aurait pu reproduire, avait tant de précision, les racines du chêne contre lequel je m’étais assoupie la veille. Les petites taches lumineuses se dessinant sur l’herbe douce. Les branchages cachant les cieux débordants de nuages blancs. Ceux-ci n’étant pas gris n’allait pas apporter de pluie. On était donc à l’abri du mauvais temps. Tout à coup, oubliant toutes les merveilles qui se trouvaient autour de moi, mon ventre grogna réclamant du gibier. Une petite souris, inconsciente du danger qui planait au-dessus de sa tête, sortit d’un buisson non loin de moi. Mais je ne la tuais pas. J’avais envie de chasser dans un champ, un champ de blé. Avec leurs doux épis et tiges qui me caressaient le pelage. Avec les rayons de soleil dardant sur ma peau. Avec des crocus naissant autour de mes pieds. Ces petites fleurs colorées apportant le bonheur étaient mes préférées. Alternant entre le mauve sombre et l’orange pastel. Je partis d’un rire joyeux puis me mit au pas de course jusqu’à être arrivée à destination. Je ne voyais encore personne. Sauf peut-être une souris que j’attrapais rapidement sans peine. Je la dévorais rapidement puis me mit en quête d’autre gibier. Le printemps avait égayé mon âme et je me sentais, pour la première fois depuis des lunes, libérée de tout désespoir. Un chant d’oiseau se fit entendre. Mais je ne m’en préoccupais pas. Ils n’avaient pas beaucoup de chair et beaucoup de plumes. Mais je ne savais pas ce qui l’avait fait fuir car il s’envola brusquement comme s’il avait le diable à ses trousses. Je n’eus même pas le temps de regarder ce qui était arrivé que l’on se jeta sur moi. C’était un chat et l’odeur qu’il dégageait venait de la Tribu de la Source. Pourquoi m’avait-il attaqué, aucune idée. Mais j’essayais tant bien que mal de me sortir du combat sans égratignure. Je n’avais aucune envie de gâcher ma première journée de chaleur à soigner des blessures. Heureusement, le chat me lâcha bien rapidement. J’en profitais pour enlever la poussière et les bouts de terre de ma fourrure. Il me jeta un regard sévère. Comme si j’étais un petit chaton qui venait de commettre une grosse erreur. Mais c’était lui qui avait commis l’erreur de m’attaquer. Je feulais en m’efforçant de ne pas baisser les yeux pour montrer que je ne me soumettais pas. Il prit la parole d’un air mécontent.

« Que fais-tu ici ! »

La question n’était pas vraiment posée comme une question. Mais elle m’intimait l’ordre de dégager rapidement. Il aurait pu au moins se présenter, me demander qui j’étais et me demander gentiment de m’en aller. Je répondis donc insolemment.


Le tout souligné d’un regard sarcastique. J’attendais donc patiemment sa réponse.