C l o u d s
f l y i n g !

requiert un certain niveau de rp, merci ~

Ange Déchu leva la tête. Un vol d'oiseaux venait de passer juste au dessus de sa tête, avec un tel raffut qu'ils l'avaient sortie de ses réflexions. Pour la première fois depuis une éternité, elle regarda le ciel, le détaillant avec un grand soin. Bleu azur, avec le soleil qui disparaissait derrière des chênes, là-bas, derrière le camp. Derrière les ombres immenses des arbres au loin, l'horizon avait pris une teinte orangée, puis, en s'en éloignant, on passait par tout un spectre de couleurs, notamment du orange, du rose, du violet, du mauve, et on en revenait au bleu. En plein milieu, du moins, de ce qu'on pouvait en voir, des bandes blanchâtres s'étendaient à perte de vue. Des nuages. La chatte bicolore les regarda longtemps, essayant de trouver des formes dedans. Alors, ça, c'est... bah... une patte de chat, non? et là... euh... je sais pas. Dans le fond, ce n'étaient que des lignes immaculées, dont les contours étaient à peine définissables. C'était sans intérêt, mais c'était beau. Étrange, quand même, qu'Angel n'ait jamais prêté une réelle attention aux merveilles au dessus d'elle... Elle qui était toujours dans la lune... Et encore, c'était mieux la nuit. Du noir, du noir, encore du noir. Juste quelques étoiles qui scintillaient doucement, à leur rythme, sans jamais être pressées par personne... Vraiment, elle les enviait. Elle, elle aimait la liberté. Sauf que, bien souvent, on ne la lui permettait pas.

C'était quoi, le problème? Penser, dire, faire, ce que l'on voulait, dans les limites du raisonnable... Ça aurait dû pouvoir se faire. Mais eux, ils ne le permettaient pas. Ange, avec son caractère libre, détestait ça. En même temps, ses origines solitaires jouaient peut-être là-dedans. Elle n'avait besoin de personne, et encore moins de règles. Dans la vie, elle aurait su se débrouiller, à l'habitude. Sauf qu'avec leurs conventions et leur hiérarchie à la noix, aussi... On ne la laissait rien faire. C'était presque comme d'être en cage, sauf qu'elle pouvait sortir. Pas se promener, oh, grands dieux, mais chasser, et si tu rapportes pas assez de trucs, tu mange pas! Donc c'est un cercle vicieux : tu ramènes rien une fois, donc tu peux rien avaler, donc le lendemain, quand il faut aller chasser, tu crève tellement la dalle que les souris t'entendent arriver, tellement tu traînes. Heureusement, contrairement aux propriétaires des oiseaux, ceux-là pouvaient avoir un cœur. Comment pouvait-on enfermer ces animaux, ivres de liberté? Sans foi ni loi, c'était dur à dire, ils ne devait pas avoir assez de cervelle pour avoir des règles, et encore moins pour rêver. Mais eux, ils pouvait voler. Angel les enviait tellement.

Elle aurait voulu voler de ses propres ailes. D'ailleurs, si elle en avait, cela ferait bien longtemps qu'elle serait partie. Parce que bon, les fanatiques des trucs brillants dans la nuit, qu'ils appelaient "Clan des Étoiles", mais qui, finalement, n'était qu'une nébuleuse comme les autres, ou bien la voie lactée. Genre, ça avait des étoiles et ça les suivait partout, tu sais! Jamais elle n'avait entendu pareille crétinerie. Et elle n'avait beau avoir aucun ami, à peine des connaissances et d'être condamnée à travailler jusqu'à la vieillesse, ou pire, à la mort, la bicolore ne voulait pas partir. Elle rêvait d'un monde qu'elle ne connaissait pas, alors, si elle s'y retrouvée lâchée, qu'est-ce qu'il pouvait bien lui arriver? Ça n'irait pas bien loin. C'était bien beau de rêver à un idéal, mais s'il était inaccessible, et surtout, dangereux, à quoi ça pouvait bien rimer? L'intérêt était, certes, limité. Mais c'était un moyen, parmi les rares qui existaient, d'échapper à la routine du clan de la Neige. De s'enfuir, ne serait-ce que mentalement.

C'est ce qu'il dirait. Lui, celui qui la comprendrait, parmi les autres, parmi les ombres. L'âme sœur, en fait. Ou pas. Peut-être un autre. Une autre. Le seul qui la comprendrait vraiment, qu'elle ne trahirait pas. Elle avait désespérément besoin, un rayon de soleil parmi le brouillard des inconnus qu'elle était obligée de côtoyer. Tiens, elle se mettait à la poésie? Dans le fond, c'était une autre idée pour se les changer, ses idées. La jeune chatte soupira. Autour d'elle, le crépuscule était tombé, et la forêt avait l'air menaçante, le soir. En plus, elle avait comme qui dirait la vague impression de s'être perdue. Allons bon. Y a des gentes qui sont douées, quand même. Expliquez moi un peu comment on peut se perdre dans un décor que l'on connaissait par cœur, à force? Il faisait trop sombre, voilà. Elle tenait une excuse.

La blanche et noire se retourna. Et sursauta. Dans le noir, deux lueurs ambrées. Euh... C'est quoi ce truc? Un monstre? Allons bon, chérie, tu sais bien que les vampires et autres zombies n'existent pas. C'est vrai que des trucs fluo dans le noir, ce n'était pas fait spécialement pour rassurer. Soudain, elle comprit. C'étaient des yeux de chats! Qui brillaient dans la nuit, pour pouvoir la voir... Donc, il y avait quelqu'un d'autre devant elle. Sa voix, tremblante, s'éleva, brisant le parfait silence qui régnait jusqu'à maintenant.

« Euh... Bonsoir... Qui es-tu? »